Faute d’une politique globale de stérilisation et de moyens de soins, les animaux prolifèrent et meurent dans les rues… Mais le plus décevant est que les cas de maltraitance et de torture dans notre pays restent impunis. Malgré ce constat alarmant, la protection animale tunisienne ne faiblira pas et les activistes sont plus que jamais déterminés à aller jusqu’au bout, pour que la voix des animaux des rues soit enfin entendue par les dirigeants tunisiens.
Depuis des mois, les activistes pour la protection animale en Tunisie sont en état d’alerte et ne cessent de publier des photos et des vidéos sur les réseaux sociaux, qui montrent et qui donnent une vision globale sur la situation désastreuse des animaux errants en Tunisie où les abattages de chiens errants continuent dans la majorité des municipalités, dans les rues, les cités, les quartiers même les plus populaires du pays… Pour cette fois-ci, ces pratiques de maltraitance se reproduisent à Chihia, gouvernorat de Sfax, où les snippers de la municipalité risquent de passer à l’action à tout moment, en secret. Face à cette situation, des bénévoles ont lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux pour tirer la sonnette d’alarme sur les chiens errants de la commune qui sont, bel et bien, menacés.
Le coup de pression fonctionne… mais, jusqu’à quand ?
Pour Malika Belt, membre de Tunisia Animals Voice, un groupe public ouvert sur Facebook, créé par des activistes, défenseurs de la cause animale et bénévoles, l’objectif de cette action est de trouver une solution pour aider les bénévoles de la localité de Chihia et les associations de protection animale engagés à dénouer cette crise. « Des bénévoles ont lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux pour sauver les chiens errants de la commune de Chihia à l’heure où les citoyens se plaignent du nombre croissant de chiens et demandent à ce que les responsables prennent des mesures sur ce qu’ils considèrent comme un ‘‘ fléau ’’, une menace… une nuisance. Les autorités choisissent, comme à l’accoutumée, la solution de facilité qui est celle de l’abattage. Mais comme l’a dit le Dr Helmut Kaplan ‘’Un jour, nos petits-enfants nous demanderont : Où étiez-vous pendant l’holocauste des animaux ? Qu’avez-vous fait contre ces horribles crimes ? Nous ne serons pas capables de donner la même excuse une seconde fois, que nous ne savions pas’’. Et, c’est bien de ça dont il est question. Les abattages en Tunisie demeurent la seule solution proposée dans tout ce qu’elle a d’horrible et d’inacceptable, laissant un lourd héritage aux générations futures », souligne-t-elle.
Beaucoup reste à faire
Pour sa part, Docteur Soumaya Chouk, médecin vétérinaire, anciennement directrice de la Protection de l’environnement à la municipalité de Tunis et qui est également à l’origine des centres de stérilisations et vaccinations de la Ville de Tunis et de l’Ariana, spécialiste reconnue pour sa compétence en matière de gestion des populations de chiens errants, et, qui apporte son expertise aux municipalités, désirant créer un centre, indique que cette situation perdure depuis des années et, à nos jours, il n’existe pas une solution à ce problème récurrent. «L’Etat pratique toujours les mêmes démarches pour arriver toujours aux mêmes résultats ; naissances après naissances. Donc, le problème n’a pas été résolu et la place laissée vacante par les chiens abattus est vite occupée par d’autres chiens. La seule alternative à faire ses preuves, qui a été prouvée scientifiquement, chiffres à l’appui, est la méthode TNR (Trap Neuter Release). Les chiens sont stérilisés, vaccinés contre la rage dans la foulée, identifiés par bague et remis sur le territoire, que les chiens garderont, sans donner d’autres naissances par la suite », explique-t-elle.
A l’exemple de la municipalité de l’Ariana qui, en l’espace de presque 14 mois, a procédé à la stérilisation de 400 chiens, permettant ainsi d’éviter la naissance de 4.000 chiots. Pour rappel, d’autres municipalités ont choisi d’adhérer à ce programme, alors que la municipalité de Soliman, gouvernorat de Nabeul, vient d’inaugurer son centre, le 29 août, en coopération avec l’Association Borj Eljahmi pour les captures, et l’association l’Arca di Noé in Tunisia pour le refuge, grâce à la volonté d’un homme de bien, qui est le maire de la région, Boubaker Houidi. Notons, toutefois, que d’autres municipalités sont inactives et indifférentes, jusqu’au dernier recours qui est l’abattage.
Aller jusqu’au bout…
Doit-on penser que les animaux sont considérés différemment selon les gouvernorats et être soumis aux idées ou croyances des individus qui prennent les décisions ? Tout porte à le croire…Et, sans une loi mettant les animaux errants sous la responsabilité des gouvernants, comme le préconise Farès Blel, député à l’ARP, le traitement de ces animaux errants sera soumis à toutes ces incertitudes avec toujours une épée de Damoclès sur leur tête.
Par ailleurs, les messages de touristes appelant à l’aide pour les animaux sur l’île de Djerba affluent dans les groupes animaliers Facebook. Que retiendront-ils de leur séjour ? Les excursions dans des sites d’exception ou le souvenir d’animaux abandonnés, affamés, laissés sans soins après leur départ ?
Pour toutes ces raisons et face à cette situation inquiétante, le groupe Tunisia Animals Voice, fidèle à ses valeurs, a relayé l’appel des bénévoles de Chihia et a demandé à réagir sous les groupes facebook de la municipalité, ainsi que sur celle du gouvernorat de Sfax où ils ont interpelé directement M. Abdel Baset Mansri, qui assure l’intérim des missions du gouverneur. Pour sa part, l’association l’Arca di Noé in Tunisia a apporté son soutien à l’Association de protection animale de Sfax, puisque les anciennes approches avec l’ex-gouverneur n’ayant pas été entendues. Fabienne Pauls, de l’Association de Djerba Un toit pour toi a, elle aussi, apporté son soutien en publiant un message adressé à la municipalité de Chihia. Docteur Soumaya Chouk se propose, elle aussi, d’apporter son aide par son expertise et les vétérinaires de Sfax apportent leur soutien d’aide aux bénévoles.
Ainsi, tous les ingrédients sont là. Pourquoi la sauce ne pourrait-elle prendre ? Mais comme on dit souvent : « Là où il y a la volonté, il y a un chemin », mais, y a-t-il réellement une volonté dans notre pays? Malheureusement, elle n’est pas à l’ordre du jour, mais malgré cette situation, la protection animale tunisienne ne faiblira pas et les activistes sont plus que jamais déterminés à aller jusqu’au bout, pour que la voix des animaux des rues soit enfin entendue par les dirigeants tunisiens.
Maghzaoui
31 août 2021 à 16:49
C’est une jolie photo, dommage qu’ils n’ont pas quelques boîtes de viandes, un peu d’eau et deux ou trois parasols.